L'enfant qui mesurait le monde - Metin Arditi

L'enfant qui mesurait le monde - Metin Arditi

La Grèce en faillite et en quête de sens, sur la piste de la philosophie et du mystérieux Nombre d’Or… 

L’histoire en résumé : 
Trois protagonistes, trois solitudes. Il y a Eliot Peters, architecte américain né grec qui a perdu sa fille d’une vingtaine d’années et qui revient en Grèce sur les traces de cette dernière. Ensuite il y a Maraki, pêcheuse à la palangre qui élève seule son fils autiste de 12 ans. Et enfin, il y a Yannis, l’enfant autiste qui calcule tout, tout le temps, mesure compare les résultats pour s’assurer que le monde est toujours bien ordonné, mais dès que les chiffres changent c’est la crise. 
Et autour de ces trois personnages que la vie va lier de manière forte, il y a tout le petit monde de la bureaucratie qui s’échine à faire accepter un projet titanesque voué à sortir la ville de la crise : l’implantation d’un complexe hôtelier sur l’une des plus belles criques encore sauvage de l’île. 
Cette histoire se déroule à Kalamaki, île grecque encore épargnée par le tourisme de masse. Les habitants se retrouvent tiraillés entre d'un côté, le projet d’hôtel qui développerait le commerce, amènerait la construction d’une route faisant le tour de l’île et améliorerait le quotidien de tous en apportant du travail et un d'un autre côté, un projet d’école dédié à la philosophie et au théâtre, beaucoup plus respectueux de l’environnement et qui octroierait à la ville un rayonnement culturel fort. 

Mon avis :
Un livre intéressant car le sujet de la faillite grecque est peu traité dans le domaine littéraire. L’auteur nous livre les rouages de décisions économiques visant à sortir de la crise avec toutes les conséquences qu’elles comportent, positives et négatives. 

Globalement, je me suis un peu ennuyée lors de ma lecture car j’ai trouvé beaucoup de longueurs dans le récit notamment liées à des répétitions. 

Les personnages restent finalement assez superficiels. On poursuit la lecture car les chapitres sont très courts et amènent systématiquement, de par le nombre important de personnages et de fils conducteurs, des éléments nouveaux : dénonciations, relation entre Eliot et Yannis le jeune autiste qui se développe, relation entre Eliot et Maraki, séances de comptage, mails de la fille d’Eliott qui font avancer sa réflexion sur un mystérieux théâtre grec et le Nombre d’Or… Il y a beaucoup de personnages, on s’y perd d’ailleurs - peu accoutumés que nous sommes aux noms grecs. Par ailleurs, je trouve que tout le pan philosophie, même mythologie grecque aurait pu être approfondit. Il manque vraiment un fond. 

Déception d’autant plus grande que le titre du livre que je trouvais superbe me laissai attendre une certaine profondeur psychologique, ou tout du moins philosophique. 

Toutefois, c’est un roman qui mérite qu’on le lise jusqu’au bout car la révélation finale est très belle. 

Voici deux passages liés aux couleurs que j’ai particulièrement aimés : 
L’anniversaire devait suivre des règles. Pas de gâteau. Pas de chansons. Pas d’autres enfants. Et pas de promenade. Une crème vanille, une seule bougie plantée dans un deuxième bol de crème que sa mère allumerait et soufflerait très vite, et voilà. La bougie devait être jaune. Comme la crème vanille. Comme les fèves. Comme le 12. C’était ça, le 12. Un nombre tendre et jaune. Pas comme le 11 ou le 13, des nombres gris foncé, avec des pointes en acier… 
Le théâtre entier, de bas en haut, est submergé de coquelicots. Il y en a partout. Le long des allées, au pied des pierres, entre les stèles, partout ! Des coquelicots comme je n’en ai jamais vu ! Immenses ! Et rouges, papa, rouges ! D’un rouge si chaud ! Il y en a des milliers, peut-être même des dizaines de milliers ! Je regarde le théâtre qui m’entoure et j’ai le sentiment de me trouver au cœur d’un immense brasier. 

    En bref, une grande variété de fils conducteurs et de personnages qui empêchent le lecteur de se lier à ceux-ci, une dispersion qui dessert la profondeur. Plein de bonnes idées intéressantes que l’on a l’impression de juste survoler. Peu de poésie, à la faveur d’un panorama du monde économique et journalistique qui dessert par ailleurs la profondeur psychologique. Toutefois c’est un roman exotique et divertissant qui réserve deux surprises finales de taille. 6/10 

Auteur: Metin Arditi
Editions Grasset
Paru en août 2016
304 pages

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