L'histoire se passe en 1958. A Hiroshima, Hikedo, jeune maman de deux garçons qu'elle élève seule, travaille très dur dans son petit restaurant pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Démunie, elle décide un jour de confier son plus jeune fils, Akihiro, à sa mère qui vit à la campagne, à Saga.
Le petit garçon, arraché subitement à sa mère et son frère, va devoir faire la connaissance de sa grand-mère, mais aussi s'adapter à la dure vie de la campagne.
Mais, ce qu'il va découvrir en peu de temps c'est que cette grand-mère est une mamie fantastique, débrouillarde et généreuse, qui ne demande qu'a inculquer à son petit fils la simplicité, la bonté et l'amour de la vie !
Ce manga me faisait de l'oeil depuis un certain temps déjà ... : j'étais très attirée par le dessin, la rondeur des traits, les jolies couleurs douces de la couverture, mais aussi par le thème original pour un manga, développant la relation entre un petit-fils et sa grand-mère.
Les 30 premières pages, je l'avoue, m'ont tout d'abord un peu refroidie. Le début de l'histoire est assez dur voire cruel. L'épisode où la maman pousse son fils, sans l'avertir et sans ménagement, dans le train, pour le livrer à sa grand-mère est assez violent. S'en suit la découverte des mornes paysages de campagne puis de la grand-mère qui apparaît tout d'abord sous un jour très inquiétant (faucille à la main) et dont les intentions nous reste masquées un petit moment. Akihiro est donc tout d'abord totalement terrifié par cette grand-mère qu'il ne connaît pas du tout. Le lecteur, quant-à lui est assez choqué par un début aussi abrupt...
Puis, passé cette exorde, nous découvrons le véritable visage de la grand-mère à travers son mode de vie et la bienveillance qu'elle nourrit envers son petit-fils en lui faisant partager sa philosophie de vie.En effet, malgré son extrême pauvreté, cette femme a érigé en principe de vie qu'il vaut mieux une pauvreté gaie qu'une pauvreté triste. C'est pourquoi, elle aborde chaque jour de la vie avec un éternel optimisme et détourne chaque obstacle en quelque chose de joyeux, donnant ainsi un véritable sens à la vie. Sa débrouillardise lui fait par exemple mettre en place un petit barrage sur le ruisseau qui coule au pied de la maison, lui permettant de recueillir, entre autre, les fruits et légumes (invendus) du marché, jetés en amont par les commerçants. Une astuce baptisée "l'épicerie magique de la nature".
Transformer le rien en tout, c'est ce qu'Akihiro apprendra au contact de sa super mamie.
J'ai beaucoup aimé notamment l'épisode 4, "Une bouillote en balade ?", racontant l'excursion de classe d'Akihiro; celui-ci demande à sa grand-mère une gourde pour l'excursion qui a lieu le lendemain :
- ... Il me faut une gourde, on en a une ? - Bah oui, regarde bien autour de toi !
- Où ?
- La niche du salon est décorée de fleurs, n'est-ce pas ? Voilà ta gourde !
- Mais c'est une bouillotte ! Ce n'est pas une gourde !
- Non. Actuellement c'est un vase.
- Les choses sont comme ça, mon petit, tout dépend de leur utilisation. Si on met de l'eau chaude dedans, c'est une bouillotte, si on y arrange des fleurs, c'est un vase, et si on met du thé dedans...
- ... Une gourde ?
- Exactement, ça devient une gourde ! Tu deviens sage, Akihiro !
Cette gourde pas comme les autres, dans un premier temps objet de honte auprès de ses petits camarades de classe, va devenir un objet béni et adulé de tous, lorsque, sur le chemin du retour, les enfants assoiffés, ayant vidé le contenu de leur petite gourde se verront offrir un verre de thé par Akihiro dont la "gourde", de plus grande contenance, sera encore bien pleine. En remerciement, ses camarades lui offriront des gâteaux en échange, inspirant cette réflexion à Akihiro : "Il y a une heure, tout le monde se moquait de moi et d'un coup j'étais un héros. Le thé de la bouillotte s'était transformé en gâteaux. J'avais l'impression de vivre un conte de fées."
Concernant le dessin : les dessins des décors sont très détaillés, un véritable plaisir pour les yeux. A contrario, les traits des personnages sont assez sommaires, bien que doux et tout en rondeur. Ce contraste voulu permet ainsi de mieux donner à voir les émotions sur le visage des personnages et les rend donc plus attachants.En bref, des anecdotes riches, drôles et émouvantes, un message optimiste et gai sur la vie, des personnages hyper attachants, voilà ce que nous offre la lecture d'"Une sacrée mamie" ! J'ai hâte de lire les autres tomes de la série afin de voir grandir le petit Akihiro ! 9/10
Nota Bene : Ce manga est une adaptation du roman autobiographique de Yoshichi Shimada (ici scénariste) qui évoque son enfance à Saga avec sa grand-mère. Les Japonais, auprès desquels ce récit a eu un grand succès, ont beaucoup apprécié la description d'un passé où les relations étaient plus humaines.
Auteurs : Yoshichi Shimada et Saburo Ishikawa
Traducteur : Tetsuya Yano
Editions Delcourt
Paru en juin 2009 (France)
211 pages
De la tarte au citron, du thé et des étoiles
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